Rapport sur la Régionalisation Avancée au Maroc
Rapport sur la Régionalisation Avancée au Maroc.
Ouardghi Mohamed
Etudiant chercheur
Le modèle marocain de régionalisation
avancée s'inscrit clairement dans le cadre d'un Etat démocratique
décentralisé et marque un bond qualitatif dans le processus de
démocratisation de la société.
Cette nouvelle conception de
régionalisation requiert des collectivités territoriales élues ayant une
légitimité démocratique et dotées des mécanismes nécessaires à même de
renforcer la participation des citoyens, hommes et femmes, dans la gestion de
la chose publique.
Cette initiative nécessite
l'attribution de prérogatives décisionnelles et exécutives élargies aux
conseils régionaux pour qu'ils soient capables de s'acquitter au mieux de
leur rôle, toute en mettant en place des mécanismes de contrôle et de
comptabilité de nature à rétablir la confiance des citoyens dans les
institutions.
Dans le cadre de ce projet, le rôle de
la région serait de contribuer de façon effective au développement
économique, politique, social, culturel et environnemental, sachant que cette
entreprise ne peut se concrétiser sans la mobilisation de nouvelles
ressources, la mise à niveau des ressources humaines et la mise en place de
fonds de soutien financier ayant pour objectif de réduire les disparités
entre les régions.
Pour faire aboutir ce chantier de
réforme, la CCR a proposé un découpage régional fonctionnel capable de
contribuer au renforcement de la démocratisation de l'Etat et d'amorcer une
nouvelle conception de la relation qui lie la région à l'Etat et aux
collectivités territoriales. Ce découpage régional a fixé le nombre des
régions à 12.
I. Découpage administratif,
compostions du Conseil Régional, Mécanismes de ce Conseil et son interaction
avec son environnement :
1. Découpage
Administratif
Le projet de régionalisation avancée au
Maroc prévoit la répartition du pays en 12 régions au lieu de 16, soit une
réduction de 25%. Cette nouvelle configuration régionale a été faite selon
certains critères basés entre autre sur les principes d’efficience,
d’homogénéité, de proportionnalité et d’équilibre, mais aussi d’accessibilité
et de proximité.
Dans cette logique, la CCR a suggéré les
régions suivants : Tanger-Tétouan, Oriental et Rif, Fès-Meknès,
Rabat-Salé-Kénitra, Béni Mellal-Khénifra, Casablanca-Settat, Marrakech-Safi,
Drâa-Tafilalet, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Saguia al Hamra et
Ed-Dakhla-Oued ed Dahab.
2. Composition
du Conseil Régional, Approche Genre et interaction avec son
Environnement :
Le conseil régional se compose de
membres ayant une voix délibérante et qui ont été élu au suffrage universel
direct et de membres ayant une voix consultative et qui sont composé des
membres du parlement issue de la région, des présidents des chambres
professionnelles et un membre mandaté par chacun des syndicats représentés à
la chambre des conseillers.
En ce qui concerne l’approche genre, ce
rapport a recommandé le renforcement d’une large participation des femmes à
la gestion des affaires régionales et locales par une disposition
constitutionnelle autorisant le législateur à favoriser l’égal accès des
femmes et des hommes aux fonctions électives.
De plus et afin de consolider la
démocratie participative, le rapport a suggéré que la région
doit mettre en œuvre des mécanismes de consultation avec la société civile et
le secteur privé dans l’élaboration de ces plans de développement.
Pour renforcer la gestion démocratique
des affaires régionales, le président du conseil régional sera l’ordonnateur
des recettes et des dépenses de fonctionnement du conseil et l’exécutant des
décisions du conseil. Pour facilité cette tache, le présent rapport prévoit
de mettre à la disposition du président une agence régionale ayant la
personnalité morale et l’autonomie financière et de gestion et qui est
chargée de l’élaboration de projets et programmes de développement ainsi que
leurs exécutions.
3. Les
Compétences étendues du conseil régional
Une approche ouverte, évolutive et mieux articulée des compétences
régionales en matière de développement intégré, selon les règles suivantes :
- En
matière de développement économique, social, culturel et environnemental,
chaque domaine de compétence (eau, énergie, transport…) est susceptible
d’être partagé entre l’Etat et les collectivités territoriales, par
application du principe de subsidiarité.
- Dans
chacun de ces domaines, le transfert de responsabilités et de tâches précises
de l’Etat vers la région ou vers les autres collectivités territoriales est cadré
par la loi et intervient, sur une base contractuelle dûment formalisée, de
manière progressive, en fonction des prédispositions desdites collectivités à
les assumer ; ces transferts s’accompagnent toujours de la mise à la
disposition de ces collectivités des ressources et des moyens correspondants.
- Cependant,
les régions et les autres collectivités territoriales disposeront, dans
différents domaines, de compétences propres leur ouvrant, dans le cadre de la
loi, un champ de libre initiative à la hauteur de leurs ressources autres que
celles accompagnant des compétences transférées par l’Etat; ces compétences
seront régulièrement actualisées et redéfinies en fonction, notamment, de
l’évolution des ressources propres et des capacités d’intervention de ces
collectivités.
- Un
rôle prééminent est reconnu au conseil régional envers les autres conseils
élus, dans le respect des compétences de ces derniers, en matière
d’élaboration et de suivi des programmes de développement régional, en cohérence
avec les orientations de l’Etat et après consultation des différents acteurs
publics et privés dans l’espace régional.
De plus,
le conseil régional a un rôle de concertation et de suggestion de
l’Etat pour l’élaboration des stratégies sociales et des schémas
nationaux d’aménagement.
II. Les
mécanismes d’accompagnement de ce projet
1. Mécanismes
de financement:
Considérant les déficits patents dont
souffrent la plupart des régions en matière d’infrastructures, le projet de
régionalisation avancée propose l’adoption d’un plan de mise à niveau social
des régions. A cet effet, un fonds de mise à niveau social devrait être crée
par l’Etat dont le capital varie entre 128 à 215 milliards de
dirhams, ce fonds sera dédié à la mise à niveau des régions à la norme
national ou international dans les secteurs de la santé,
d’éducation et d’infrastructures routières.
Le rapport suggère la réhabilitation des
ressources financières actuelles dans la perceptive de les
fructifier. De plus, le projet prévoit la création d’un Fonds Public de
solidarité interrégionale afin de prévenir la disparité entre les régions.
2. Les
mécanismes de contrôle :
Le projet a suggéré la levée progressive
du contrôle a priori sur les régions dans la gestion et la réalisation des
projets régionaux tout en transitant progressivement de la tutelle de l’Etat
sur les conseils régionaux vers l’accompagnement. Entre
temps, ce projet suggère le contrôle a posteriori sur le conseil régional et
sur son agence. Ce contrôle a pour but de permettre la consolidation de la
démocratie régionale, la bonne gouvernance et le développement de la région.
3. La
réhabilitation du chantier de la déconcentration
A ce jour, le processus de la
déconcentration administrative subit encore des pesanteurs et des freins,
pour cela la commission a recommandé l’élaboration d’une nouvelle charte de
la déconcentration qui doit apporter un soutien aux conseils
régionaux ainsi qu’autres conseils des collectivités territoriales. Cette
charte doit prévoir le création d’administrations étatiques
disposant, à chacun de ces niveaux, de réelle marges d’initiative et de
pouvoirs effectifs de décision, tout en étant efficacement coordonnées et
mises en synergie, au développement intégré et au plus près des populations
concernées et des élus.
III.
Mesures constitutionnelles
Le rapport souligne que la constitution
doit être révisée afin d’appliqué la régionalisation avancée. Pour cela, il
suggéré la suppression de limitations insérées dans l’article 101 en
plus de la modification des articles 3 et 46 de la constitution aussi
bien que le changement du terme collectivités locales en collectivités
territoriales.
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